Difficile de parler d’élections sans être tenté de sauter également dans le débat autour de la pertinence des commissions scolaires. Un débat faut-il le rappeler qui tourne essentiellement autour des coûts et non pas autour des bénéfices. À travers les prises de positions diverses entourant les structures, il en est une essentielle : la société québécoise estime-t-elle l’éducation suffisamment importante pour que des élus locaux soient dédiés à cette stricte fin ? Y répondre non c’est, soit transférer cette
responsabilité aux municipalités en créant des élus multifonctions et en diluer la nature ou encore, abandonner les priorités locales du système d’éducation à des non-élus. Le choix est clair, si le Québec veut une éducation à son image, ancrée dans ses réalités locales et régionales, il doit encourager la démocratie scolaire sans plus tarder. Continuer de définir la démocratie scolaire par le faible nombre d’électeurs votants frôle la démagogie, mais si nous choisissons de le faire, il faudra aussi transposer cette perversion mentale du système aux élus municipaux, provinciaux et fédéraux.
Élus municipaux, élus scolaires presque le même portrait
Le tableau de la vitalité politique scolaire nous apparaît peut-être moins sombre qu’on voudrait parfois le dépeindre. Cela ne change rien au fait que la population vote peu, mais si on le compare au milieu politique municipal, beaucoup de similitudes peuvent être soulignées.
Par exemple, si on se fie aux statistiques de 2007, un candidat au poste de commissaire pourrait ne pas faire campagne et aurait 2 chances sur 3 d’être élu, faute d’opposition. Intéressant ou inquiétant, c’est à tout le moins révélateur. Mais en cela, le réseau scolaire n’est pas très différent du monde municipal où 6 candidats sur 10 sont élus par acclamation, tout comme plus de la moitié (55 %) des maires du Québec. Pourtant, personne ne questionne la légitimité de ces derniers. Car, outre la participation de la population aux élections scolaires et municipales (8 % environ contre 40 %), les statistiques relatives à ces deux univers sont, sur d’autres points, étrangement similaires.
Deux fois plus de jeunes élus scolaires
Ainsi, les candidats élus sont autant des hommes que des femmes et les proportions par tranche d’âge les mêmes, sauf pour les 35 à 44 ans (possiblement des parents ?) qui sont deux fois plus nombreux au scolaire, formant un plus jeune bassin d’élus. N’est-ce pas là un signe de vitalité pour les commissions scolaires ? Toutefois, là où le monde scolaire ne réussit pas à se démarquer, c’est dans sa capacité à mobiliser une masse critique de candidats aux élections. Avec moins d’un candidat par poste disponible, alors qu’on en compte presque le double au municipal et cinq au provincial et au fédéral, le milieu scolaire a encore beaucoup à faire pour stimuler les candidatures. Ce défi ne lui appartient pas en propre, mais relève également de l’État québécois qui a une responsabilité majeure en ce sens. Pour illustrer davantage cette nécessité de mobilisation, seulement un demi de 1 % des 8 000 postes disponibles au municipal se retrouvent sans candidats alors que ce taux grimpe à 13 % au scolaire pour 6 fois moins de postes de disponibles. Il faut naturellement reconnaître, à
l’inverse, que le ratio de 5 candidats par poste sur un total de 125 postes à
l’Assemblée Nationale n’est, toute proportion gardée, peut-être pas aussi élevé.
Note : Larges extraits d’un article publié par l’auteur dans le magazine SAVOIR, édition de décembre 2011, volume 17, numéro 2 page 2. http://www.fcsq.qc.ca/fileadmin/medias/PDF/Savoir/Savoir-Decembre-2011.pdf
Toutes les statistiques de ce texte ont été puisées sur le site Internet du ministère de
l’Éducation, du Loisir et du Sport de même qu’à la FCSQ. De plus le masculin
n’a été employé que dans le but d’alléger le texte.